• Mgr JL Balsa

    Mgr JL Balsa

    ll a donné toute sa vie au diocèse de Nice Aux autres. Sans compter. A ceux qui n'ont rien. A ceux qui sont tombés. A ceux qui avaient besoin de lui. Né à Nice en 1957, ordonné prêtre le 9 septembre 1984, Jean-Louis Balsa a accompagné les jeunes de Cannes dans les léproseries du Caire avec Sœur Emmanuelle, a dormi par terre au Mexique dans des communautés religieuses qui se battaient pour les droits des Indiens. A mené la construction de l'église de Sophia Antipolis dont il a été le curé pendant dix ans. Dirigé les études au séminaire de Laghet.

    Vous êtes le quatrième prêtre du diocèse de Nice nommé évêque ces trente dernières années. C'est une consécration, un moment rare ...

    Dans une vie quand on devient prêtre, on n'imagine pas devenir évêque. Il y a un mois et demi, j'ai été convoqué à Paris par le nonce apostolique. Il m'a dit : « Le pape vous a nommé évêque de Viviers, il faut me donner votre réponse ». J'ai dit: « Oui ». Toute ma vie, j'ai dit « oui » à ce que l'on me proposait et je ne l'ai jamais regretté.

    C'est aussi une lourde charge ...

    Devenir évêque, c'est un changement de vie, de mission. C'est sur les épaules de l'évêque que repose l'unité de l'Église. Il a pour charge de tenir l'unité des prêtres, celle des paroissiens, qu'il n'y ait qu'une seule et même Eglise. Tenir cette unité et tenir la différence aussi : l'Église n'est pas un monolithe, une pensée unique... L'évêque permet la vie de l'Église à travers les sacrements.

    Vous êtes nommé en Ardèche …

    L’évêque actuel- François Blondel- a 75 ans et prend sa retraite. Je suis nommé à Viviers. Je n'y ai jamais mis les pieds. Depuis que je lesais, je me suis acheté une carte de l'Ardèche en relief et je rêve, je touche du doigt les reliefs, les vallées, le Rhône... Je rentre dans une histoire, les gens ne m'attendaient pas. Je vais écouter, découvrir. A moi de rentrer dans leur histoire.

    Avez-vous un évêque modèle ?

    Ä Nice, j'ai connu cinq évêques très différents. Mgr Marceau est celui qui me montre comment on arrive dans un diocèse. C'est une chance qu'il soit arrivé il y a un an. Il est une espèce de grand frère. A travers ce qu'il fait, il me montre la voie, l'écoute, la fermeté, la prudence. A moi d'en faire quelque chose.

    Avez-vous déjà rencontré le pape ?

    Jamais. Je le ferai lors de la prochaine session d'évêques à Rome à la rentrée. Il est l'homme qu'il fallait pour aujourd'hui, un homme qui va à l'essentiel, qui ne s'entoure pas de fioritures, qui aime à rencontrer les marges. Le pape François ne brade pas l'Evangile. Il va ouvrir une année sur la Miséricorde et le Pardon.

    Comment avez-vous découvert la foi ?

    Mes parents étaient catholiques, pas forcément très pratiquants. Ils venaient du Maroc, ils se sont installés à Nice en 1955, l'année de ma naissance, et ont monté unshipchandler [commerce d'articles de marine, ndlr] en 1960 à Antibes. Mon enfance c'était l'eau, la mer, la plongée avec les copains. Et Dieu. Dieu est une évidence. Je l'ai découvert grâce à Jacques Loussier, un musicien qui interprétait Jean-Sébastien Bach en jazz. Mon père avait des disques à la maison. Et en écoutant cela tout petit, j'ai eu le sentiment de Dieu. Je suis allé à la cathédrale pour apprendre à jouer de l'orgue. Et en fait d'orgue, j'ai découvert le Christ.

    Et l'engagement ?

    Au lycée, j'ai été très frappé par le sort de certains de mes amis devenus délinquants. Cela a été très loin. La plupart sont morts aujourd'hui. Moi qui avais découvert le Christ, je me disais : « Il faut qu'ils le découvrent aussi pour ne pas rater leur vie. » Le Christ ne permet pas forcément de ne pas tomber mais de se relever... Alors, je leur parlais du Christ. Mais au « Whisky à Gogo » entre deux vodkas orange, cela ne suffisait pas. Il fallait une église. Et puis il y a deux films qui m'avaient marqué enfant : Lawrence d’Arabie, ce type qui bouge seul toutes ces tribus et Jacquou le Croquant avec ce personnage de prêtre formidable. C'est tout cela connecté qui a fait ce choix de vie, un choix de vie positif. J'avais 27 ans. Mes parents m'ont dit : « Est-ce que tu es heureux ?» et ont respecté mon choix.

    Vous avez conduit le synode pour les Alpes-Maritimes ?

    Cela reste un gros travail intérieur à faire pour l'Église. Bien sûr qu'on n'est pas pour l'avortement ni pour le mariage gay. Mais il ne suffit pas de dire que l'on n'est pas d'accord. Il faut savoir comment on accompagne la souffrance et des états de vie que les gens n'ont pas forcément choisis. Comment le Christ aurait fait cela s'il était là, lui qui n'a accueilli que des gens comme cela. L'Église a toujours répondu, a toujours été sur les problèmes de société.

    PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE BRUYAS
    lbruyas@nicematin.fr