• 2006 08 19 au 29 - Corse

    L'art de se faire plaquer.

    Ils nous ont plaqué très gentiment. Ou plus exactement, ils ont sponsorisé en grande partie la plaque de rallye qui a été réalisée pour cette occasion. Ils : Marcel Mocali (Menton Location) et Claude Verdegl (Lou Miejou), on a recours à eux de temps en temps et ils répondent « présents » : merci à eux.

    C’est là que ça se corse .

    Ce samedi  après midi 19 août, il faisait une chaleur caniculaire sur le port de Nice. Personne n’avait branché la clim dans les Traction (écologie oblige) et la bataille était rude, pare-chocs contre pare-chocs pour éviter que des resquilleurs ne viennent s’insérer « à l’arrache » dans la longue file. Un seul but : gagner au plus vite le ventre frais du ferry, sorte de mirage oasien, longtemps inaccessible . A peine à l’intérieur, sortis de voiture, nous nous sommes con (gratulés ; sciencieusement) : (j’allais pas écrire « con » deux fois de suite, chuis pas con quand même ! – oui ? ah, bon).

    A quelques minutes du départ, rapide inventaire : …, 11, 12, 13, … et pas 14 ? - Qui c’est qui manque ? « – Jean et Alice Pieracci, sur leur billet il y avait marqué Ile-Rousse et non pas Bastia et ils ne veulent pas les laisser embarquer… ». Après de longues palabres, le rachat du billet idoine, et ma présence sur la passerelle pour que le capitaine ne la  referme pas, (l’heure H étant atteinte), notre dernier équipage a pu nous rejoindre : le compte était bon, mais les derniers mots ont été les plus longs. 

    Cap Corse enchanteur.

    Bernard et Brigitte Fantauzzi qui avaient organisé avec brio cette balade insulaire (traversées, itinéraire, hôtels) étaient venus nous attendre à Bastia pour nous guider jusqu’à Macinaggio 1ère étape, et pour nous faire découvrir par la suite le Cap Corse, leur domaine.

    Depuis de longs mois il n’avait pas plu. La chaleur et le soleil, en Corse surtout l’été, sont légendaires. Allez savoir pourquoi, (l’émotion de nous voir ?), le temps a craqué et s’est répandu en chaudes larmes. Chaudes certes, mais sales aussi, car chargées de sable du désert. Bref, un temps à ne pas mettre une Traction propre dehors : vous imaginez l’état des carrosseries, un peu comme après un Paris-Dakar.

    Cela n’a tempéré en rien notre enthousiasme à parcourir ce merveilleux cap de long en large : Centuri, éminemment pittoresque, Tollare, le port le plus septentrional face à l’île de la Giraglia, Ersa, dont le maire, Thomas Micheli, possesseur d’une superbe 15/6-51 et ami de nos hôtes, nous a accompagnés un bout de chemin et payé l’apéritif dans sa Mairie aménagée dans un ancien couvent, le col Ste Lucie, ligne de partage des eaux entre les côtes est et ouest du cap, dont la descente vers Pino s’agrémente de lacets escarpés assez peu adaptés à la longueur et au rayon de braquage de nos Traction, mais quel plaisir … quand on s’en est sorti !

    Notre séjour s’achevait par un vin d’honneur offert par Bernard et Brigitte au bord de la piscine du « Château Fantauzzi », véritable nid d’aigle dominant Morsiglia et une grande partie de la côte ouest du cap. Justement le soleil couchant conférait des couleurs mordorées aux vieilles pierres de ces murs ancestraux et ajoutait encore à la plénitude de ce moment privilégié.

    Départementale 69, route rustique (pas érotique et puis quoi, encore ?)

    Très beau trajet pour rallier Zicavo : on quitte la plaine de la côte orientale et on aboutit en pleine Corse profonde en passant par Corte, Venaco, le col de Sorba (1311m) et son décor minéral . De partout des cochons multicolores en liberté, des vaches éthiques, et dans les vallées, une profusion de châtaigniers, de noyers, de pins : la nature à l’état sauvage.

    Le petit hôtel « Le Tourisme » où nous avons logé ne payait pas de mine, mais quel accueil ! Le repas « basses calories » (charcuterie corse, cannelloni maison, bruccio, gâteau de châtaignes) restera dans les annales : moins d’un rab de chaque plat et c’était la huée assurée. Joint à ce régime, le petit vin du pays servi à discrétion a contribué à créer une ambiance très chaude. Mais ce n’était pas fini, après dîner quelques irréductibles se sont regroupés près du comptoir où la patronne faisait goûter sa cave digestive : et je vous en remets une petite goutte, et essayez ça, vous m’en direz des nouvelles, etc (avec modération bien sûr). Je vous laisse imaginer le résultat .

    Club LHM Corsica

    Ayant appris notre incursion insulaire, François Bassoul, président du club LHM Corsica avait manifesté le souhait de nous rencontrer . Rendez-vous fut pris devant notre fameux hôtel de Zicavo pour effectuer ensemble l’étape jusqu’à Sartène. François (2CV) était venu avec un autre membre de son club qui avait pu se libérer, Michel Grandserre (SM) et un gentil cadeau de bienvenue . Ils nous ont servi de guide  à travers les grandioses montagnes que nous devions traverser et ont piqueniqué avec nous à midi. Surprise (pour nous, mais François avait monté la maneuvre) : l’arrivée de François Quirin  dans son célèbre bus U23 (que nous avions déjà admiré à Charade). Dans ce cadre sauvage, entouré d’une vingtaine de vieilles Citroën, c’était vraiment un spectacle décalé et sympathique, un vrai bond dans le passé.

    Qu’est-ce que tu dis, Namo ?

    On ne réalisera jamais à quel point le passage de la dynamo à l’alternateur  a constitué un progrès dans les autos . Ce ne sont ni Jean Pieracci ni Elio Severi qui diront le contraire. Le premier parce que les charbons de la dynamo de sa 15/6 l’ont lâché peu après notre arrivée sur l’île, le second parce qu’il s’est retroussé les manches pour solutionner ce problème et que ça n’a pas été simple. Dans un premier temps grâce à un chargeur emmené par Charly 2, la batterie a été chargée tous les soirs pour compenser la « grève » du générateur. A force de chercher, à Propriano, un garage « à l’ancienne » a fourni des balais pour remplacer les défaillants. Yavépuka les mettre en place, ce qu’a fait de main de maître Elio qui a conforté ainsi son titre (non contesté) de conseiller technique hors pair, le tout avec le sourire.

    Adhère en Corse ou adhérents corses

    Une rencontre avec nos membres de Corse, c’est très rare. Ce devrait être plus souvent : c’est grâce à eux que le « C » de l’appellation Méditerranée AOC (Alpes Orientales Corse) justifie sa présence.

    Le plus ancien, toujours prêt à s’investir quand des tractionistes continentaux (tractio-pinzutti ?) débarquent, est Bernard Wollbrett. Basé à Porticcio, trait d’union avec les Anciennes Automobiles Ajacciennes de Jo Tricanti, il possède aussi une belle 15/6-51.  Dès qu’il a su que nous viendrions, il a tenu à organiser une balade entre Traction de tous bords (de la Méditerranée).

    Le 24 août la jonction des 2 groupes de Traction s’est faite au Col St Georges. Puis direction Bastelica, où nous attendait le Maire, Monsieur Gifon qui nous accueillait dans la cour de l’école et qui nous a offert l’apéritif. Nous attendait aussi un membre que nous n’avions pas encore rencontré : Rémi Arii. Il était accompagné de sa belle 11 « comme neuve » qu’il a à peine fini de restaurer.

    Le repas était pris au « Sampiero », restaurant jouxtant la statue de Sampiero Corso, le héros local. Encore un déjeuner à l’issue duquel on pouvait dire « c’est promis, demain je commence le régime ! ». Non content d’avoir tout organisé, Bernard a offert la boisson du repas : la véritable hospitalité corse !

    Le retour se faisait par les gorges pittoresques du Prunelli avec la vue sur une belle retenue d’eau alimentant Ajaccio, puis la visite des caves du Clos Capitoro avec dégustation à la clef (avec modération, bien sûr) clôturait cette belle journée.

    Corse le dise !

    Qu’on se le dise : Marie-Rose Verdegl est corse et gare à vous si vous la chatouillez sur  ses origines. Claude son mari est niçois mais il est comme un poisson dans l’eau à Radicale, fief de Marie-Rose (surtout quand il va à la pêche).

    Ne cherchez pas Radicale sur une carte si vous êtes presbyte ou alors munissez-vous d’une bonne loupe. Le nom est petit, mais le cadre est grandiose, la maison est comme chacun aurait rêvé  que ses grands-parents en aient une : solide, campagnarde, rassurante.

    Ils nous avaient prévenus : « Si vous ne faites pas une halte chez nous … » les points de suspension étaient terribles de sous-entendus. Nous avons donc obtempéré, d’autant plus volontiers que nous en mourrions d’envie.

    Voilà donc nos 15 Traction éparpillées autour de cette vénérable demeure pour « ou spuntino », casse-croûte (très) amélioré (pour nous, pas pour elles) sous un tilleul tout aussi vénérable que la maison. Hors d’oeuvres, charcuterie familiale (oui, familiale, on tue le cochon par là-bas, donc lunzo, kopa, saucisson, …), salade du jardin, fromages et gâteaux corses, raisins et pêches. Sur notre insistance, Claude et Marie-Rose ont accepté de nous céder une partie de leur trésor (comprenez : on a pu leur acheter quelques uns de ces fameux saucissons).

    Nous avons eu la joie de rencontrer un ancien adhérent TU, Paul Giacometti, venu en voisin avec sa BL.

    Comme on dit : il n’est de meilleure compagnie qui ne se quitte, et c’est avec une émotion palpable que nous nous sommes séparés de nos amis pour gagner Evisa où nous avions réservé. Une consolation pour eux : leur 15/6 qui leur a rappelé ses copines volages parties sur les routes. 

    Des vagues et des lames au vague à l’âme.

    Bien entendu, si l’on voulait être complet, il faudrait aussi parler de Bonifaccio et ses falaises, de Sartène et sa vieille ville, de Belgodère, de Lozzari, de Saint-Florent, San Antonino, … Mais la revue n’y suffirait pas et pourtant tous ces noms évoquent de beaux souvenirs …

    A propos de souvenir, un qui restera longtemps dans la mémoire de beaucoup d’entre nous, c’est celui du voyage retour.

    Décor : un ferry, la mer, du vent. Des gens qui embarquent le sourire aux lèvres : dans quelques heures on sera arrivés . Oui, mais le vent a soufflé toute la nuit et a forci dans la journée : force 7, on passe de « grand frais » à « coup de vent ».

    L’ambiance se met en place dès la jetée du port de Calvi franchie. Les premières déferlantes viennent se briser sur la passerelle de commandement et le bateau commence à remuer sérieusement. La première idée qui vient à l’esprit c’est « sauve qui peut », oui, mais où se sauver quand tout bouge autour de vous ? Plus aucun repère n’existe et vous vous retrouvez en tête-à-tête avec votre estomac (si l’on peut dire). Voir des gens autour de vous la tête dans leur sac vomitoire ne console aucunement, ce serait plutôt, comment dire … une incitation supplémentaire (s’il en fallait une). Dans les provocations subies, on peut citer celle de voir quelques uns de vos amis (ou qui se prétendaient tels) déguster avec un bel appétit une escalope milanaise (n’est-ce pas Bernard P. et Alain ?). Ils étaient plutôt rares, c’est vrai, plus nombreux étaient ceux qui en guise de repas, le servaient aux poissons en y mettant du leur.

    Tout est bien qui finit bien

    Mais tout a une fin et 7h plus tard, c’est avec une joie non dissimulée que le plancher des vaches était à nouveau foulé à Nice. Pour un peu on aurait embrassé le sol à la manière du pape, mais au volant d’une Traction ce n’est guère pratique. Il faut positiver : on a eu la chance de ne pas rencontrer d’iceberg, c’est déjà ça.

    Trêve de plaisanterie, ce voyage a été très sympathique et les milliers de photos prises resteront des témoignages concrets quand les souvenirs se dilueront dans la brume du temps…

    Encore un grand merci à Bernard et Brigitte pour leur implication constante tout au long de ces 10 jours si vite passés : 1300 km au total. Quand on connaît les routes de Corse, ce n’est pas si mal.

    Charly