• 1999 08 20 - Obélix et son SFV

    Lors de vacances dans le Périgord l'été dernier, un de nos lecteurs, Charly Perisi, a rencontré un sympathique personnage surnommé "Obélix" chevauchant son SFV de 1945 - LVA mars 2000 -

    Sous un hangar, lors d'une balade dans la campagne périgourdine, Tamniès plus précisément, un bon gros tracteur ancien nous montrait ses arrières sans aucune retenue. Cette provocation répétée nous a poussés à demander "réparation" à son propriétaire : Serge Roulland. Le garage de cette exploitation agricole se situait à 200 m de l'auberge où nous logions : La ferme du Combal. Nous étions donc amenés à le voir plusieurs fois par jour.

    Le film de  Claude Zidi !

    En ce qui nous concerne, il faut dire que cette passion pour "l'ancien" n'est pas vraiment une nouveauté : Martine et Michel Asso, Annick et Bernard Durantet, Solange et Charly Perisi (votre serviteur), trois couples tractionnistes de longue date, membres de la section Méditerranée de la Traction universelle, partis écumer cette région à bord de leurs fidèles Traction l'été dernier. Personnage haut en couleur et éminemment sympathique, loquace et truculent, surnommé "Obélix" par son entourage (il a réellement figuré dans le film de Claude Zidi), Serge Roulland ne s'est pas fait prier pour nous faire découvrir les autres facettes de son "monstre".
    Mieux, il nous a proposé de le mettre en route et même de rouler : vous imaginez notre ravissement.
    Ce tracteur, acquis d'occasion une vingtaine d'années plus tôt, est un SFV (Société Française de Matériel Agricole et Industriel de Vierzon). Il date de l'immédiat après-guerre : frisant les 3 t sur la bascule, monocylindre, semi-diesel, deux-temps... utilisant tous carburants à base d'huile.

    Béotiens et bestiau

    Pour les béotiens que nous étions encore à l'époque dans ce domaine, les caractéristiques de ce " bestiau " nécessitaient quelques explications.
    L'imposant cylindre unique est monté longitudinalement. La culasse (la boule chaude) proéminente sur l'avant sert d'ancrage au crochet de remorquage. Ce moteur est un semi- diesel car il ne possède pas de système de chauffage suffisant pour le faire démarrer de façon autonome comme habituellement sur les moteurs diesel. Un réservoir auxiliaire d'essence sert à injecter le carburant dans la chambre de combustion par l'intermédiaire de la pompe au moment du démarrage (il ne peut s'effectuer qu’à la force de deux paires de bons biceps).
    Un vibreur, alimenté par une toute petite batterie, provoque une étincelle en permanence sur la bougie classique (et non de préchauffage) que l'on voit sur la culasse, dès que le contact est mis. Après quelques explosions, synchronisées par la position du piston par rapport aux lumières (système deux temps), la culasse emmagasine suffisamment de chaleur pour que le moteur puisse fonctionner de façon autonome. On peut alors envoyer le carburant principal sur la pompe grâce à un by-pass (gazole, huile de vidange, d'arachide, d'olive, selon la diététique que l'on suit) et couper l'allumage.
    En fait, il y a quatre réservoirs : un pour le carburant principal, un pour l'essence, un pour l'eau de refroidissement plus un pour l'huile de lubrification.

    Folklore

    Cette partie théorique ne doit pas faire perdre de vue le folklore qui préside au démarrage. Quatre personnes (ou presque) sont nécessaires au bon déroulement de l'opération :
    - Deux sur les poignées des volants d'inertie placés sur les flancs de l'engin. Petite précision : les dites poignées sont automatiquement rétractables pour ne pas se faire emporter les avant-bras lors des premiers toussotements du moteur.
    - Une pour enclencher et couper le vibreur.
    - Une enfin, pour mettre le doigt sur l'électrode de la bougie (non isolée) et s'assurer de son bon contact: vous l'aurez compris, en plus de toutes ses qualités, Serge est aussi un farceur ! Des éclats de rire ont fait passer la déconvenue de celui qui s'est fait "piéger". Voilà, c’est fait, il a démarré : l'entendez-vous ? Si vous êtes dans un rayon de 2 à 3 km, c'est normal, sinon approchez-vous un peu, et vous pourrez profiter d'un concert de "pom-pom-pom. . ." du plus bel effet. Les oreilles sont ravies, les yeux également : un imposant panache, digne des plus gros "steamers" du début du siècle, s'échappe de la cheminée en volutes odoriférantes.
    Méfiez-vous aussi de vos pieds : le moteur a pu, par inadvertance, démarrer à l'envers (pas de soupapes) : dans ce cas, les vitesses sont inversées, la première devient la marche arrière et malheur au distrait qui est resté sur la mauvaise trajectoire l
    Quelques verres de pineau maison clôtureront cet après-midi d'anthologie et nous nous souviendrons longtemps de cette excellente rencontre.